"Cour des miracles" Immeuble de 3 logements et activités
Étiré-Plié-Coulé – Une famille, une matière.
L’immeuble de logements présenté pour cette candidature conclue une série de cinq petits bâtiments réalisée progressivement en une vingtaine d’années au sein d’un même village dans un même matériau, le béton teinté coulé. Elle s’inscrit dans une histoire familiale au sein de laquelle un lien étroit s’est développé́ entre l’atelier d’architectes et l’entreprise de maçonnerie ancrée depuis 3 générations sur la rive gauche genevoise. Cette proximité́ a permis de développer une culture commune de recherche de mise en œuvre artisanale dans une continuité́ qui a évolué au fil des réalisations. Cette opportunité́ de valoriser le savoir-faire des ouvriers, « ébénistes du coffrage en bois », influence en profondeur le tissage entre la typologie des logements et la matière qui leur accorde leur caractère spécifique. Ces constructions en béton brut coulé teinté structurel — une constante de base — s’enracinent dans les lieux.
Copyright des images: Yves André
Réflexions sur la proposition de projet
Utilisation efficace du béton
Le sens de l’efficacité trouve ici une autre acception autour de la question des conditions de mise en oeuvre. L’ambition de donner un maximum de soin aux bétons apparents en se donnant le temps nécessaire. Ce petit ouvrage va être façonné dans un rythme lent, propre à l’artisan veillant à soigner chaque étape de réalisation. Une attitude qui pourrait être considérée comme anachronique, mais qui met à profit le temps accordé de la conception et du faire comme ingrédient essentiel de la qualité.
Innovations spécifiques aux matériaux
La collaboration architecte-entreprises a permis l’élaboration de nouvelles techniques de mise en œuvre et l’émergence d’une conception architecturale qui prend appui, non plus sur un a priori esthétique ou idéologique, mais sur une série de détails constructifs évoluant au gré des réalisations.
À titre d’exemple, à l’initiative des maçons, les panneaux neufs sont pré-vieillis avec les surplus de béton des étapes du chantier, une technique garante de l’homogénéité de la teinte de la façade.
À titre d’exemple, à l’initiative des maçons, les panneaux neufs sont pré-vieillis avec les surplus de béton des étapes du chantier, une technique garante de l’homogénéité de la teinte de la façade.
Approches interdisciplinaires
Les choix constructifs et de mise en œuvre sont discutés avec les maçons très en amont dans la conception de l’ouvrage. Notamment, les bandeaux ayant été coulés avant les dalles et sans tiges d’écarteurs, le coffrage des dalles intervient en second temps, une inversion de la mise en œuvre traditionnelle.
La relation entre architecte, ingénieur civil et entreprise est interactive, les savoirs de chacun étant intensément partagés par des liens étroits.
La relation entre architecte, ingénieur civil et entreprise est interactive, les savoirs de chacun étant intensément partagés par des liens étroits.
Conception adaptée au site
Le projet se situe au centre du village, en articulation entre un front de rue, un plan de quartier générique des années 90 et une maison forte témoin historique du village. La parcelle complexe est à l’intersection de tous ces ingrédients qui ont leur logique propre et que le projet révèle et synthétise au travers de sa forme particulière issu de l’empreinte des anciennes construction et d’une petite cour cachée, lieu-dit «cour des miracles».
Conception architecturale et spatiale
Le projet, résolument contextuel, tire partie de la variation de ses environs immédiats par une réaction du plan rayonnant à chaque niveau. A l’instar des constructions villageoises proches, la matérialité́ du bâtiment est de caractère minéral et joue avec la matière de son «voisin» immédiat sur la cour. La «famille architectonique» ainsi formée marque la rencontre entre les deux tissus urbains qui trouve, autour de la cour, une forme de dialogue inattendu, notamment par ses murs étirés.
Structure soigneusement conçue
Habiter le gros-oeuvre. La qualité rare des bétons, structure apparente, laissés littéralement bruts, est la marque d’une identité et d’une haptique singulières. La couleur « terre » des murs enrichis par l’empreinte du coffrage des planches de bois a renouvelé l’appréhension du béton dans l’imaginaire collectif au-delà de nos attentes. Le béton teinté s’infiltre de l’extérieur à l’intérieur, dans une continuité sensible entre la façade, la cage d’escalier et l’intérieur de l’appartement.
Durabilité globale
Une architecture en béton apparent pourrait être considérée comme une espèce ou une expression en voie de disparition…
Néanmoins la résistance matérielle de cette architecture l’inscrit durablement dans le temps. Autrement dit, une architecture « rocher » comme une forme de résistance aux modes et aux temps.
Le béton demeure un matériau local. Sa durabilité est toutefois conditionnée à une évolution profonde des modes de production industrielle du ciment. Comment entretenir les savoir-faire ?
Néanmoins la résistance matérielle de cette architecture l’inscrit durablement dans le temps. Autrement dit, une architecture « rocher » comme une forme de résistance aux modes et aux temps.
Le béton demeure un matériau local. Sa durabilité est toutefois conditionnée à une évolution profonde des modes de production industrielle du ciment. Comment entretenir les savoir-faire ?
Caractéristiques
Lieu
Chemin du Vieux-Vésenaz 56, Collonge Bellerive, Genève
Catégorie d'ouvrage (SIA 102)
Habitat
Type de tâche
Nouvelle construction
Type de procédure
Mandat direct
Coût de construction en CHF (SIA 416)
4'100'000
Surface de plancher en m² (SIA 416)
769
Planification
2015 → 2019
Réalisation
2020 → 2022
Année de mise en service
2022
Intervenants
Directions des travaux
Génie civil
Physique du bâtiment